J’ai appris de moi. J’ai rencontré mes failles, exploré mes doutes, regardé mes traumas ... et de ce parcours, j’ai appris à faire le tri. J’ai inventorié ce qui m’appartenais et ce qui ne m’appartenais pas. J’ai séparé mes envies de celles qui m’avaient été transmises par les autres. J’ai passé au crible ce qui me faisait du bien et ce qui me faisait souffrir dans ma vie. J’ai touché du doigts mes valeurs et compris ce qui m’en éloignait. Pour imager tout ça, j’ai pris un gros sac poubelle, j’ai mis dedans ce que j’avais repéré de nocif et je l’ai jeté à la benne. Mais me voilà face à la pièce que j’ai déblayée ... les yeux grands ouverts, la gorge sèche, le palpitant qui s’excite et devant moi : le néant !
C’est que moi, j’avais mes petites habitudes dans ce foutoir. Certes, elles étaient très inconfortables, mais je les connaissais bien. Alors face à ce nouvel ordre d’où apparait de nouvelles choses, j’angoisse.
Ce vide... il est là, devant moi, à mes pieds ... comme une falaise qui me séparerait d'un trou béant recouvert par des nuages. L’invisible est devant moi : tout m’y est inconnu. Finalement plus j’apprend à me connaître, plus j’ai l’impression d’avancer dans le noir.
Et en même temps, comment pourrais-je retourner en arrière, maintenant que j’ai ouvert les yeux ?
Je regarde le néant… Je suis prête… Je saute.
Ben oui parce qu’après tout, ce n’est qu’un saut de plus parmi tout ce que j’ai fait pour évoluer. Peut-être cela me semblait moins impressionnant, peut-être ai-je inconsciemment sauté ou peut-être que je ne me souviens plus mais cette peur, cette sensation de vide n’est pas nouvelle. Elle a toujours été avec moi et je l’ai toujours surpassée. Tu te souviens de ton entrée dans l’adolescence? Tu voulais encore jouer à la poupée et pourtant, lorsque que tu tenais ton jouet à la main, c’était l’ennui, perdu entre l’enfant que tu étais et l’adulte que tu allais devenir. Tu avais le sentiment de ne pas savoir quoi faire devant ce nouveau temps libre. Grandir, évoluer., c’est expérimenter le vide.
Mais une fois adulte, la croissance ne nous semble plus naturelle : « C’est pas à mon âge que je vais changer!», « J’ai toujours été/fait comme ça » . Cette croyance est totalement fausse. Nous nous trouvons toujours entre l’adulte que l’on est et celui que l’on va devenir - que l'on travaille sur soi ou pas. Car oui tu évolues, quoi que tu décides de faire ou de ne pas faire, le déroulement de ta vie t’amène indubitablement à changer tout au long de celle-ci. Alors changer, ce n’est pas nouveau mais changer pour moi, c’est une vraie conquête.
Et après tout ce parcours, ben moi, ce vide, j’ai envie de le conquérir et peut être que ce vide va me permettre d’aller plus loin. Libérée d’une bonne partie du foutoir qui m’habitait, je me sens prête à explorer et à écouter ce qui se cachait dans l’ombre.
Et si toi aussi, tu explorais l’inconnu?